Avec ses robots aquatiques, Dronaquatech inspecte et dépollue l’eau.
Après un début de carrière sur les bateaux sismiques de la flotte CGG, Arnaud Byl s’est spécialisé dans les prestations sous-marines par mini robots. Le Dunkerquois offre une vision différente pour inspecter les eaux plus ou moins profondes et une solution innovante pour collecter les déchets marins de surface.
L’un circule à la surface de l’eau traînant derrière lui un filet : le Jellyfishbot permet de récupérer les déchets flottants et les hydrocarbures. L’autre plonge à quelques mètres de profondeur muni d’une caméra : le DTG3 observe et inspecte les fonds sous-marins en très haute définition. Tous deux sont téléguidés par Arnaud Byl, gérant de la toute nouvelle société Dronaquatech. Depuis fin juin, il propose ses prestations sur des eaux plutôt calmes, où le courant est faible. « Bassins, étangs, sorties du port, wateringues, canaux, plans d’eau, etc. Tout est possible sauf en mer, détaille le Dunkerquois. Cela aide à comprendre une problématique et permet d’aller dans des endroits où il ne vaut mieux pas aller, éviter de mettre en danger des scaphandriers. »
Grâce à son expérience de géologue géophysicien (lire ci-dessous), le spécialiste est capable de piloter les équipements avec précision. « La complexité du drone sous-marin, c’est qu’on ne sait pas le repérer sous l’eau car il n’y a pas de GPS subaquatique, donc il faut savoir naviguer sous l’eau et c’est une habitude que j’ai. » Arnaud Byl s’est équipé auprès du constructeur marseillais Iadys pour le robot collecteur de déchets et chez le fabricant Escadrone (près de Grenoble) pour le drone sous-marin. « Ce sont des appareils assez utilisés à l’étranger, plus que le petit balbutiement en France», constate-t-il.
Voir sous l’eau
Arnaud Byl concentre son travail sur la région dunkerquoise et ses missions sont variées : détection d’une source d’envasement, inspection de piliers de pont, d’une canalisation bouchée, d’une coque de bateau, d’une ancre, des jointures d’une écluse, images de fonds marins, etc. « Il y a toujours une phase d’échange avant pour évaluer les risques et le type de matériel avec lequel travailler. » Une fois l’équipement à l’eau, le pilote guide le matériel et suit son trajet sur un écran. « Selon les demandes du client, qui est présent pendant la prestation, je fais des captures d’écran, je filme quelques secondes ou plus. Et je fais un rapport. »
Des pinces, des GoPro ou encore des échantillonneurs peuvent être ajoutés. « Ils peuvent servir à des cas multiples, aujourd’hui, cela permet de répondre à des problématiques que l’on n’arrive plus à solutionner », assure Arnaud Byl, qui prend l’exemple de travaux réguliers avec les Voies navigables de France (VNF) ou d’un trottoir qui s’effondrait. « Il fallait passer sous le pont pour comprendre pourquoi. Cela mêle l’intelligence artificielle et l’humain. »
Vingt ans passés sur l’eau pour explorer sous l’eau
À 47 ans, Arnaud Byl entame sa « seconde vie professionnelle. Pendant vingt ans, j’ai été géologue géophysicien sur des bateaux sismiques du groupe CGG. Quand la société a été vendue, j’ai été licencié. C’était l’occasion de me reconvertir, en plus je voulais arrêter l’expatriation, rester proche de ma fille et de la mer ». Son rôle à bord de ces navires était basé sur la prospection sismique. « Je voulais utiliser ce que j’avais fait par le passé. »
Pendant les campagnes en mer, après douze heures de travail par jour, Arnaud Byl occupait son temps libre à des recherches sur les nouvelles technologies. C’est là qu’il est tombé sur les mini ROV (Remotely Operated underwater Vehicle) ou véhicule sous-marin téléguidé. De retour sur terre, il développe son projet, imaginé à bord, acquiert le matériel et se forme durant quinze jours chez Subairtech, à Nantes. « Ce sont les pionniers dans le drone sous-marin et ils sont centre de formation », précise-t-il.
Eco-responsable
« Résolument tourné sur le côté écologique », il a souhaité compléter son expérience par des activités de dépollution, d’études environnementales. Son principe : allier la robotique et l’intelligence artificielle « au service de la sécurité humaine mais également pour celle de la mer ».
Source : La Voix du Nord – Jeudi 23 juillet 2020